Le plus bel endroit de l’univers

Pieds de gens dans le train


Souvenir de ma jeunesse. Un homme à Saint-Tropez m’explique : « Je n’aime pas trop les personnes qui font de grandes choses dans la vie et sont de véritables enfoirés au quotidien. Je préfère les petites gens qui s’attellent jour après jour à être de belles personnes. C’est ce que j’essaye de faire. » Et plus récemment : « Fais de la terre le plus bel endroit de l’univers ».

 

Histoire triste

J’attendais le métro. À l’extrémité du quai d’en face, quelque chose a attiré mon regard. Je suis myope ; je me suis donc dirigée vers le début du quai pour mieux regarder. Le train est arrivé. Je suis montée dans le wagon et j’ai collé mon visage à la vitre.

Un jeune homme à la peau pâle et aux cheveux blonds rasés de près était assis. Il tenait un berger allemand d’une grosse chaîne en fer. Devant lui, une petite fille, charmante avec sa peau brune et ses cheveux bouclés, 3-4 ans peut-être, était debout. Elle avait tendu les deux mains vers le jeune homme qui se servait de la chaîne pour lui taper sur les doigts, méticuleusement.

J’ai perdu mon sang froid. Je tapais des poings sur la vitre en hurlant : « Tu ne touches pas à la gamine. » Le train a démarré alors que le jeune homme me défiait avec des gestes obscènes.

Dans le train, je tournais comme un lion en cage. Le trajet me semblait interminable. Alors que je m’apprêtais à descendre à la station suivante, un homme qui tenait son fils par la main m’a dit : « Vous avez raison, Mademoiselle. Il tapait la jeune fille et nous n’avons rien dit. »

Je suis descendue sans répondre et j’ai couru jusqu’au guichet. Je me suis fait disputer par l’hôtesse alors qu’elle décrochait son téléphone : « Pourquoi ne pas avoir prévenu la bonne station ? — J’étais déjà dans le train ».

Je suis sortie avec une chape de plomb sur les épaules. Vous avez raison, Mademoiselle. Il tapait la jeune fille et nous n’avons rien dit.

 

Conte moderne

A. est un ami que j’aime profondément : il a un des plus beaux cœurs que je connaisse. Il marchait dans la rue lorsqu’il tomba sur une bagarre. Trois hommes tabassaient un quatrième. La victime était en sang. Autour de lui, les gens continuaient d’avancer, rien ne semblait les troubler. Il arrêta un passant. Il lui expliqua qu’il ne pouvait pas intervenir seul mais qu’à deux ils seraient plus forts. Le passant accepta. La police arriva alors qu’ils étaient en train de s’interposer.

 

Une amie m’a demandé récemment comment quantifier une vie réussie et une vie ratée. Était-ce en salaire mensuel, en nombre d’enfants, ou bien en nombre de mariages et de divorces ? Il était impossible, disait-elle, de répondre à la question. Elle a raison. Mais je me demande si je ne tiens pas tout de même un début de réponse…

 


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