Xanouche en Apollon, 2025 – © Aurelia Gantier
Paris, mardi 29 juillet 2025
Ma chère maîtresse,
J’espère que tes vacances se passent bien. Je me suis bien acclimaté à Bastille. Ici pas de piétons ni de voitures mais des oiseaux et des avions. Aurelia est aux petits soins : j’ai du pâté, des croquettes, des séances de brossage, des câlins et même de nouveaux jouets ! Je m’initie au yoga, j’aime bien. Sinon je bois beaucoup mais que veux-tu, ce n’est pas tous les jours les vacances.
Je t’embrasse fort – petits coups de tête affectueux.
Xanouche
Depuis quelques semaines, je garde un magnifique British Shorthair d’un an et de sexe masculin : Xanouche. Avant lui, j’avais été l’heureuse propriétaire de deux adorables biquettes prénommées Folette et Swann, aujourd’hui toutes deux décédées. En est-ce la raison ? À son arrivée, j’ai eu beaucoup de mal à le masculiniser. Je parlais de lui au féminin et le voyais comme tel. Il faut dire qu’il est beau et élégant comme une femme. Son petit nez, ses grands yeux, son petit minois et sa démarche, tout en lui me paraissait dans la digne lignée de mes délicieuses minettes que je n’ai pourtant jamais appelées « chattes » mais « chats » – j’ai un chat, elle s’appelle Swann, pour ne pas déclencher les rires gras et affligeants de la gent masculine – notez qu’il est peu probable de voir une femme rire sur le sujet. Swann était féline et je l’appelais chat, Xanouche est félin et je m’adresse à lui comme une chatte. Le pauvre chou est coincé dans mes problématiques de genre dont il n’a que faire. J’imagine en effet que chez les animaux, être mâle ou femelle est une incarnation, innée et acceptée, sans discussion, et je ne pense pas que Xanouche comprenne sa part de féminité. Ni qu’il apprécierait qu’on le ielise. Il me dirait probablement qu’il est beau, non pas comme une femme mais comme un Apollon, et que les dieux antiques n’étaient pas inconnus pour leur beauté. À bien le regarder, Xanouche est massif comme un athlète, cou large et épaules carrées, dos musclé. Un vrai mâle. Alors tu vas arrêter, hein ?