Ce que femme veut

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« Je les regardais hier soir, à mon cocktail professionnel, je les ai bien tous regardés, les uns après les autres. Je ne l’ai réalisé que ce matin ; l’air de rien, je fouillais.

La culture hip-hop, baggys et casquettes en arrière ; les business men, costumes sur chemises blanches ouvertes, baskets ; les fins de carrière, plus intéressés par leurs résidences secondaires ; les reconversions aux dents blanches, eux contre le monde entier, les nouveaux papas. C’est facile : des femmes, il n’y en avait pratiquement pas. Alors je faisais les comptes.

J’ai toujours privilégié l’épanouissement professionnel. Des amoureux oui, mais après. Autant le dire tout de suite, cela ne venait jamais. Ma situation sentimentale n’entrait pas en ligne de compte, ou alors tout en bas de la liste. Un bon travail, une situation financière confortable, un appartement petit mais charmant, des amis, des vacances, des projets, tout ce que tu peux imaginer passait avant. Le pire, c’est que je ne m’en rendais même pas compte et disais le contraire, j’aimerais rencontrer quelqu’un. Tu parles !

Je ne l’ai réalisé que ce matin, en repensant au cocktail et à la belle brochette de spécimens masculins devant moi, rencontrer ne faisait pas partie de mes priorités. Je m’étais peut-être trompée, c’était peut-être ça qu’il me fallait. Avant le travail, la situation financière, l’appartement, les amis et les vacances. Un mec. C’est con mais je n’y avais jamais pensé. Mes tantes ne s’étaient pas battues pendant des années pour que je ponde mais pour que je vote et que je travaille. C’était tout de même différent. Il ne m’était jamais venu à l’idée qu’on pouvait faire les deux, travailler et aimer, voter et aimer, militer et aimer. Ce matin, j’ai vécu ma petite révolution personnelle.

Attends, tu vas voir, je n’ai pas fini, j’ai pensé à autre chose. Je ne suis ni nonne ni bigote et des mecs, boulot ou pas, j’en ai eu des palanquées. Alors que je laissais défiler la brochette des virilités, je me disais que je m’étais aussi trompée dans mes choix. De mecs. Je choisissais des hommes qui me plaisaient, pas ceux qui me convenaient. Si les premiers sont satisfaisants à court terme, la stratégie est nécessairement moins payante à long terme ; et si hier soir j’avais dû en choisir un d’après mes anciens critères, j’aurais choisi la culture hip-hop sur le costume baskets. J’ai toujours été plus attirée par le producteur marié d’un groupe de rock que par le timide employé célibataire. Je fantasmais sur les dandys et les bad boys, pas sur l’homme d’affaires. En réalité, je n’avais rien compris. Effectivement, je sais pourvoir à mes besoins, mais j’aurais bien besoin de stabilité émotionnelle. Et ce ne sont pas mes artistes drogués aux cœurs blessés qui vont me l’apporter, tu comprends. Aujourd’hui, j’ai décidé de me concentrer sur ce qui me convient le mieux et de donner la priorité à l’épanouissement sentimental et émotionnel.

C’est dingue ce que je suis en train de t’expliquer, non ? Car si tu extrapoles, en la matière, l’homme et la femme agiraient de la même manière. Nous classons nos relations sentimentales entre l’homme à baiser et l’homme à marier, et si nous ne voulons pas d’enfants – je ne veux pas d’enfants –, l’homme bon à marier passe à la trappe. Comme pour les mecs. Ils se marient avec bobonne bonne à marier pour les enfants puis la quittent ou la trompent avec des bonnes à baiser. Une seule chose fait la différence : la vieillesse. Les femmes vieillissant moins avantageusement que les hommes – après la ménopause c’est pire –, elles sont plus accommodantes. Sinon homme femme, on serait pareil. Tout pareil. »



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