Vision apocalyptique d’un futur proche ou comment une banale promenade tourne au cauchemar électoral


Je quittai la rue de Bagnolet et ses échappées provinciales, maisons de campagne et ferme urbaine. Sur le boulevard, un marché improvisé vendait de la camelote chinoise. Je changeai de quartier et d’atmosphère.

Rue de Charonne, un couple attira mon regard. Ils n’étaient pas vieux ; ils étaient monstrueux ; des guenilles à la place des vêtements, des chicots à la place des dents. Ils ne semblaient pas sans-abri, plutôt des habitants du quartier, pauvres et délabrés. Elle boitait devant, lui suivait. Je n’avais jamais rien vu de tel, la famille de pêcheurs cannibale dans Ma loute de Bruno Dumont peut-être, mais dans la réalité, jamais. Des specimens incroyables que l’on ne croise que dans Affreux sales et méchants, sinon comment ? Devant leur effroyable aspect, je n’ai pas tout de suite prêté attention à ce qu’il se disait et déjà ils me dépassaient. « Attention, disait la femme, il y a un nègre derrière toi. » Et effectivement un joli noir suivait. « Sale nègre, a-t-elle encore vomi. » Heureusement, le jeune homme n’a rien entendu et c’était heureux pour lui, car cette rencontre m’a obsédée une bonne partie de l’après-midi. Etait-ce donc ça, la France et l’Europe qui se préparaient ? Etait-ce dont cela, ce que l’on appelait un discours décomplexé ?

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