De l’art de ne pas annuler un rendez-vous


Chère Claire,

Je serais à Rouen samedi, peut-être pourrions nous nous y rencontrer.


Dans les archives de mon père, des lettres écrites à ma grand-mère pendant la guerre et à la Libération. 1941, 1942, 1943… Celle-ci date de 1946. Je ne cesse de la relire, envieuse d’un temps révolu ou l’on envoyait un billet pour prendre rendez-vous. Sortir le papier à lettre, le stylo-plume, s’installer à son bureau, écrire, glisser le billet dans l’enveloppe, timbrer, un goût de colle sur le bout de la langue, poster, attendre un jour aller, un jour retour et voir le rendez-vous confirmé. Impossible d’annuler deux heures avant par message pour cause de pas en forme, pas le courage, pas raisonnable, patraque etc. Quand on prenait rendez-vous, on s’y tenait. Si l’on ne s’y rendait pas, c’est que l’on était mort.



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