Françoise Sagan
Il y a dix jours, le magazine M publiait un numéro intitulé Le goût de M. Il s’est installé depuis sur ma table basse ; les photographies de la villa Médicis, le style des intellectuelles du XXe siècle et les nuitées d’exception m’ont accompagnée un temps à l’heure du petit déjeuner.
Le goût des autres
Qu’est-ce que le goût ? Et les fautes de goût ? Existent-elles seulement ? Ou faut-il penser comme Voltaire, qu’en matière de goût, chacun doit être maître chez soi ? Selon Ferré, le goût est le souvenir de l’âme ; il y a des âmes qui ont un vilain rictus, c’est ce qui fait le mauvais goût, et selon Joseph de Maistre, le goût n’est que la conscience du beau, comme la conscience n’est que le goût du bon. Pourtant, le goût serait l’ennemi de la créativité (Picasso). Il faudrait accepter de tordre le goût du jour, de porter du noir avec du bleu, de peindre en couleurs fauves et créer des barbarismes pour inventer une nouvelle mode, un nouveau courant, un nouveau style. Il faudrait pouvoir apprendre, puis connaître, ingurgiter mais recracher bien vite, pour finalement, but ultime, transcender. Ou peut-être ne rien connaître du tout et, comme ma petite nièce de deux ans, utiliser son esprit pur de tout encombrant savoir pour faire, autrement.
En mon for intérieur
Le goût est à la fois un penchant pour le beau, le poétique et l’aimable, et un assaisonnement ; de la mesure et de la démesure, de l’éphémère dans l’éternité, et l’infinie seconde. À mon sens, le goût serait affaire de tournure. Une façon d’être et de s’effacer, un dépassement du confortable pour du davantage. Plus beau, plus poétique, plus vivant.
Le nouveau questionnaire
À la façon d’un questionnaire de Proust, un nouveau questionnaire autour du goût et librement inspiré de la lecture du magazine M. J’attends comme il se doit vos réponses (et questions complémentaires) en commentaire.
Une odeur : le parfum des figues
Une saveur : une tranche de tome de brebis sur du pain à la farine d’épeautre grillé
Un son : le rire des mouettes dans le ciel de Paris
Un objet : une boite d’allumettes
Une icône de bon goût : Elle serait nécessairement excessive, un peu fêlée, un peu cassée, ses excès seraient signes de bon comme de mauvais goût. Françoise Sagan, probablement.
Un souvenir : La maison de mon enfance dont la cuisine donnait sur le perron, sa porte ouverte sur le jardin ; derrière la table, ma mère préparait un gâteau au chocolat, un gâteau rien que pour moi.
Votre faute de goût : les sodas
Un pays : Là où le soleil se lève et où l’esthétique Iki se mêle à la culture Kawaï. Le Japon, évidemment.