© Dominik Vanyi
Il y a quelques années, le short était impensable ; mais avec le temps et la canicule, Paris s’est balnéarisée. Shorts, tongs et tote bags, Paris Plages et rues piétonnes ; Paris au mois d’août, c’est un peu Paris en vacances d’été.
Vélos, trottinettes, chapeaux de paille et casquettes, lunettes de soleil ; les Parisiens s’accessoirisent. Il n’y aurait ces températures excessives, la ville pourrait être agréable. Temps immobile, restaurants et magasins fermés, cafés déserts et circulation fluide, je reste seule à profiter, mes amis sont généralement partis, j’écris. Les gens sont plus détendus : moins de travail, un rythme plus tranquille, des vacances qui approchent, des proches absents ; parfois même, les passants vous sourient.
Au cours de votre périple, vous croiserez quelques hommes au pas trop lent. C’est à ça qu’on les reconnaît, ralentissant à votre approche, tels des chats. Ils flânent dans la rue et s’attardent aux terrasses de café ; lorsqu’ils attrapent votre regard, ils ne le lâchent pas. Bien habillés, ils sont généralement plus élégants que la moyenne et vous adresseront la parole avec facilité. Ils vous diront habiter le 16ème, le 15ème ou la banlieue, mais se promènent rue de Charonne. Rue de Charonne ? Oui, rue de Charonne. Pourquoi pas, rue de Charonne ? Car rue de Charonne, en effet, ils pullulent : on y trouve quelques bobettes très bien conservées.
Les premiers temps vous vous ferez avoir, mais rassurez-vous : vous saurez vite les repérer. Ils n’ont rien à dire, ni à penser, pressés comme jamais de visiter votre appartement juste à-côté. Si vous refusez et leur proposez un café le lendemain matin, c’en est fini de votre sex-appeal et vous n’en entendrez plus parler. Car l’homme seul surchauffé n’a pas toute la semaine non plus : le week-end, il prend le train pour rejoindre sa petite famille. On l’appelle d’ailleurs le train des cocus.