Les dimanches


Un ami m’a transféré une chanson. Elle parlait des dimanches, mais à moi, elle me parlait surtout de spleen et de boule au ventre. J’ai repensé à l’excellent Boulet et à ses dimanches, je me suis dit que moi aussi je n’aimais pas trop les dimanches.

Lire « Morne Dimanche » de Boulet

Pourtant aujourd’hui il fait relativement beau. Je regarde les Parisiens faire leur marché tout sourire. Eux aussi n’aiment pas trop les dimanches. Ils préfèrent le samedi, ou tout bien réfléchi, le vendredi soir. Car demain c’est lundi et personne n’aime le lundi. Ou plutôt, les travailleurs n’aiment pas le lundi. « Demain il y a école », comme je dis. Il ne faudrait jamais avoir école le lundi.

Pendant deux ans et demi, j’ai arrêté de travailler. Je faisais ce que j’aimais, du lundi au dimanche, quand je voulais, dans l’ordre que je voulais. Je n’avais pas le sentiment de travailler et pourtant je n’arrêtais pas de la journée. Je participais à la fondation d’une association humanitaire, j’écrivais, je rencontrais. Il n’y avait pas de lundi glauque, ni de semaine en sous-marin, la tête sous l’eau, les épaules rentrées, la colère au ventre, puis les week-ends vécus comme des permissions, des respirations, deux jours de vie qui permettent de supporter le reste de la semaine. Il n’y avait plus de dimanche, il n’y avait plus de lundi.

J’étais toute petite lorsque j’ai découvert cette citation de La Bruyère. Je l’ai immédiatement notée dans un cahier, puis recopiée par la suite de cahier en cahier. Elle m’accompagne depuis, comme un objectif de vie depuis une trentaine d’années. C’est dire.

 

Il ne manque à l’oisiveté du sage qu’un meilleur nom ; et que méditer, parler, lire et être tranquille s’appelât travailler.

 


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