Réinventer

Terrasse de Café à Paris

© Aurelia Gantier


Je me suis installée à une terrasse de café place d’Aligre. Avec ces températures estivales, j’ai eu du mal à la trouver. Ce café ne fait pas partie de mon circuit habituel ; signe qui ne trompe pas : des tables libres. Je suis de mauvaise humeur. J’ai un article à écrire et je sais que rien de bon ne pourra sortir aujourd’hui, ni aujourd’hui ni demain, ni les jours à venir : j’ai arrêté de fumer il y a dix jours.

J’ai arrêté de fumer et je suis perdue. J’ai perdu mes rituels d’écriture ; une terrasse, une table, un verre, un paquet de cigarettes, un carnet. Sur la table, un seul objet vous manque et tout est dépeuplé. À défaut, je me venge sur les bretzels. Je n’aime pas les bretzels, c’est mauvais les bretzels, c’est sec et c’est salé, ça donne soif, on boit, pour se réhydrater, du coup on a envie de fumer, mais on ne peut pas, on a arrêté, on broie du noir, le cycle infernal, alors forcément ça n’avance pas. Rien n’avance jamais comme ça.

Puisque je n’écris pas, je regarde et j’ai bien étudié la question. On boit beaucoup en terrasse, on fume beaucoup aussi, sur toutes les tables un paquet de cigarettes. Quelque chose me chagrine : vais-je devoir arrêter les terrasses, aussi ?