© Isabella Mendes
En ce moment, B. traîne sa souriante nonchalance à Roland-Garros : il est caméraman. Qu’aucun espoir français n’ait dépassé le second tour lui importe peu : B. travaille pour la télévision allemande. Son pays pondrait d’ailleurs de meilleurs joueurs que le nôtre, comme cet Alexander Zverev en quart de finale. Il me l’explique de loin, sans grand enthousiasme ; d’une manière générale, le tennis l’indiffère. « Non mais ce qui était vraiment intéressant l’autre jour, c’était la psychologue. »
Cette dame aurait expliqué, à la télévision allemande donc, le « mental du sportif gagnant » : comment dépasser le point perdu et se concentrer sur le suivant ? Je vais vous faire gagner du temps et résumer la théorie psychanalytique en deux mots : moment présent. Le joueur a perdu le dernier point, c’est maintenant du passé ; il se concentre sur le service, car de celui-ci, dépendra en partie le succès du prochain set. On n’est plus sur le jeu perdu, pas encore sur le prochain, mais sur le service que l’on tente de réussir au mieux. Je vous le disais : moment présent.
Comme
le funambule perché sur son fil, des mètres au dessus du sol,
un enfant qui, devant une flaque d’eau, saute dedans,
Comme
les candidats à la présidentielle pendant un débat du second tour,
ou un artiste devant son public,
Eckhart Tolle et un journaliste assis sur un banc, et pendant de longues minutes, la caméra qui tourne, une phrase seulement : « Y-a-t-il un meilleur endroit où se trouver en ce moment ? »
Mais pas comme moi qui écris en buvant du café, surveillant d’un oeil le téléphone, de l’autre Swann, elle va bien finir par le faire tomber, ce vase.