Formule I – Ramener à soi

Garçon devant un micro

© Jason Rosewell


C’était ce genre de livre qui analyse des expressions et conventions langagières, dans mon souvenir un livre de Nathalie Sarraute, mais je n’en suis pas sûre et je pourrais me tromper.

« Tu ne sais pas ce qu’il m’a fait ? Une otite ! » Je ne me souviens pas du reste de l’ouvrage, seulement ces mots, retranscrits de mémoire, et que l’auteur analysait, probablement avec brio.

Cette fâcheuse tendance à tout ramener à soi. Pour un peu, on pourrait croire que c’est la mère qui est malade.

Ces expressions toutes faites, j’en utilise à la pelle. Certaines sont dans ma bouche particulièrement agaçantes, mais je n’utilise pas celle-là. Je ne suis pas assez égocentrique pour ça. Comme je n’utilise pas : « Dommage, cela m’aurait fait plaisir. » Vous déclinez une invitation — peu importe son objet et la raison du refus — et votre interlocuteur vous répond : « Dommage, cela m’aurait fait plaisir. » Loin de me faire revenir sur ma décision, cette tentative de culpabilisation a chez moi l’effet inverse, celui de rajouter des raisons supplémentaires à mon refus.

Si dans les deux cas, ces expressions pointent une tendance à ramener à soi quelque chose qui ne l’est pas — la maladie de l’enfant dans un cas et les raisons d’un refus dans l’autre, alors que la première nie toute possibilité de compassion, dans la seconde, la compassion ne s’exerce que sur soi.


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