© Adam Winger
Nous étions le 8 mars, vous vous en seriez douté. J’étais à la merci de la coiffeuse et de ses babillages. Le samedi matin je ne babille pas, j’écris mes notes matinales en buvant du café. Pas cette fois. J’ai dû me contenter du café. Sourire poli et regard fixe, je l’observais à travers la glace, trois bonnes têtes au-dessus de moi. Un pinceau dans une main, mon crâne dans l’autre. Tout à ses coloriages, elle parlait d’un flux continu, sans me regarder. « Ah ! mais c’est la journée de la femme aujourd’hui. » Je me gardai bien de rectifier. Lorsque votre dominatrice porte des gants en latex, on veut bien croire n’importe quoi. « Vous croyez pas qu’on aurait pu avoir un bouquet de fleurs dans l’entrée ? Dans mon ancien poste, c’était il y a vingt-huit ans mais quand même, le jour de la femme, le patron nous offrait à toutes une fleur. Il mettait un gros bouquet de roses à l’entrée et en sortant, on recevait une fleur. Ça c’était bien. » Je lui souris et acquiesça mollement. J’aurais été bien embarrassée avec ma rose pour le reste de la journée. « Hein, Duchmol, tu te souviens, l’autre patron ? » Duchmol sourit et acquiesça mollement avant de se carapater plus loin. « Ce soir, vous pouvez me croire, quand j’arriverai chez mon fils, j’aurai droit à mon bouquet de fleurs et à mon vin blanc préféré. C’est pas compliqué, même le jour de son anniversaire, j’ai le droit à mon bouquet. » Elle avait réussi à m’intéresser. « Le jour de son anniversaire, il vous offre des fleurs ? – Oui, mes deux fils, ils font ça. Le jour de leur anniversaire, ils m’offrent des fleurs. La première fois, ça m’a étonnée. J’ai même fait la remarque : hé, ce n’est pas mon anniversaire que j’ai dit ! Et moi je n’ai rien fait, qu’il m’a répondu, sans toi je ne serai même pas là. Ça m’a fait plaisir. »
La classe à Dallas. Vos enfants vous offrent-ils des fleurs le jour de leur anniversaire ? Votre chat, peut-être ? Votre chien ? Non, rien ? Eh bien tout va bien, vous êtes dans la bonne moyenne des relations de famille.
