Je pensais remonter le temps, tranquillement, mais l’actualité des dernières semaines m’a rattrapée et j’ai eu envie de parler des risques pris par le personnel enseignant. J’ai eu envie de parler de SAWERA.
Lorsqu’un de leurs représentants nous a rendu visite à Paris, Lindsey lui a demandé : « En 2012, Farida, co-fondatrice et directrice adjointe de l’organisation, est assassinée. Moins d’un an plus tard, un attentat à la bombe détruit la quasi-totalité de vos équipements. Après avoir levé des fonds, reconstruit et réouvert l’école, l’équipe dirigeante subit à nouveau des menaces de mort. Vous êtes obligés de vous exiler. Vous revenez, l’école reprend ses activités. Pourquoi faites-vous tout ça ? » La réponse tombe sous le sens et pourtant, elle nous a tous bouleversés.
Because it is the right thing to do.
SAWERA (Society for Appraisal and Women Empowerment in Rural Areas) travaille à l’émancipation des femmes et des jeunes filles des zones rurales au nord-est du Pakistan. SAWERA forme, éduque, sensibilise. Dans ces régions tribales reculées, l’éducation est une mission quasi-impossible, le risque à plein temps, tout particulièrement quand on cible les femmes. Encore récemment, les talibans cafards pululaient et combattaient les amoureux de la paix et du savoir à coups d’assassinats et d’attentats. À la fin, est-ce que le meilleur gagne ?
Rien n’arrête SAWERA. Ni le meurtre, ni les bombes, ni les menaces. Souvent je pense à l’équipe. Il en faut du courage pour combattre l’ignorance et la violence avec son sourire et son stylo. On pourrait les prendre pour des saints, des inconscients ou des égoïstes. Personnellement, je les vois comme des magiciens. With a smile on your face… De doux magiciens.