Home cocon, toiles d’araignées – © Aurelia Gantier, juillet 2024
Araignée du matin chagrin, araignée de midi souci, araignée du soir espoir
Depuis quelques mois, une araignée, voire plusieurs, logées chacune à une fenêtre de mon appartement parisien, fait mentir et la météo et le proverbe. Car si sa signification a trait à la perspective de pluie, mes araignées intrépides n’ont craint ni les averses de juin ni celles de juillet et toutes les nuits filent leurs toiles dans les coins.
Quatre fenêtres, huit toiles. Je les regarde, dépitée. Je les avais retirées la veille. Elles sont réapparues l’air de rien. Je tente de pister la coupable. Aucune bestiole à huit pattes à l’horizon. « Tant que tu ne la chopes pas, les toiles d’araignée vont réapparaître. » Certes.
Tous les matins, dégoutée, je retire d’une tige en métal les files de soie. Les araignées ont-elles un cœur ? Sont-elles dévastées par ce travail foutu en l’air, tout à recommencer ? Tentent-elles d’embellir l’espace sans que je sois en mesure d’apprécier l’ouvrage ? J’imagine une armée d’acariens, un à chaque fenêtre, tapis le jour, à l’attaque la nuit, car enfin, comment une seule araignée pourrait abattre un tel travail ? Une araignée peut-elle souffrir d’une tendinite des filières ?
En tant qu’incorrigible urbaine, j’apprécie peu les petites bêtes mais je dois reconnaître la persévérance de mes locataires et la qualité d’un travail bien fait. L’autre jour, j’ai même ramassé une abeille desséchée dans leurs baveux filets.
Ce n’est pas que je te veuille du mal, fillette, mais ne peux-tu pas filer l’appartement d’à-côté ?