Le Pick Clops, Paris 04 – © Aurelia Gantier, août 2024
Dès l’annonce de l’élection de Paris comme capitale olympique, les Parisiens ont commencé à râler. On ne leur avait pas demandé leur avis, sinon ils auraient refusé ; il était aberrant de dépenser tant d’argent pour quinze jours de festivité alors que la capitale comptait 3 500 sans-abri et que la sécurité aurait grand besoin d’être renforcée ; quinze millions de visiteurs, mais où allait-on les caser ?
Dès l’annonce de l’élection de Paris comme capitale olympique, les Parisiens se sont enthousiasmés. Leur ville allait retrouver sa place et rayonner ; l’opportunité d’accélérer l’aménagement du territoire était inespérée ; toute occasion était bonne pour s’amuser ensemble.
Durant les sept années de préparation, les Parisiens ont râlé (c’est leur sport favori). Les infrastructure ne seraient jamais prêtes ; il fallait espérer qu’ils aient prévu un bassin de substitution si la Seine restait le bouillon de culture que l’on savait ; de toute façon, ils se casseraient, hors de question de supporter un tel bordel.
Durant les sept années de préparation, les Parisiens ont trépigné d’excitation. L’enjeu écologique était colossal ; des jeux en plein centre-ville, il fallait y penser ; des millions d’euros seraient dépensés pour embellir la région.
À trois jours de la Cérémonie de clôture, il est temps de faire un premier bilan. En tant que Parisienne immergée, je veux bien m’y coller.
Nous passerons la Cérémonie d’ouverture, de toute façon je ne l’ai pas vue, pour sauter à pieds joints dans les divertissements. Des compétitions se sont effectivement déroulées dans la Seine ; aux dernières nouvelles, personne n’a perdu son bras. J’ai effectivement été bloquée devant la Comédie-Française à cause d’une course à vélos ; le blocage ne fut pas long, les policiers déplaçant les barrières toutes les dix minutes pour laisser passer quelques cyclistes et piétons ; des policiers souriants, polis, ravis de découvrir Paris et répondant immanquablement, je ne sais pas, je ne suis pas d’ici. J’aime les voir faire la queue, tout de bleu et de gilets pare-balles vêtus, au restaurant italien en bas de chez moi, pour, j’imagine, une pizza à emporter au feu de bois. Les touristes flanent dans les rues, déguisés ou ceinturés de drapeaux. Aux terrasses de café, des téléphones, des hurlements, vas-y Florent, vas-y, allez ! et tout le monde s’arrête pour écouter. Tennis, me souffle mon voisin de table. Les Parisiens grincheux ont disparu, les autres sont contents. Des gamins hauts comme trois pommes jouent dans les fan zones, la jeunesse peinturlurée hurle devant écrant géant. Partout la liesse populaire et les tourismes souriants. Je regarde autour de moi et je vois de la joie (tu as remarqué, les clochards ont disparu – non, tu as raison). En ce moment de crispation géopolitique et en l’absence de gouvernement, le répit est agréable, on aimerait qu’il dure plus longtemps.
Vive Paris, vive la France, et que vive votre enthousiasme revigorant !