La beauté à la plage

2017 Skiathos

© Aurelia Gantier


De la beauté avant toute chose, et pour cela évite les vacances à la mer.

 

Les corps dénudés, offerts, flasques et relâchés, les positions suggestives, jambes écartées, dos ronds et ventres au repos, matières plastiques et accessoires fluo ; la petite crique gris argent et les dunes de sable sous les pins infinis, défigurées par la présence humaine, envahissante et destructrice.

C’était en septembre 2008, nous visitions les îles Éoliennes, et pour la première fois, j’eus envie de photographier le tourisme de masse et ses goûts douteux. J’avais découvert Martin Parr quelques mois auparavant et j’avais été fascinée par ses clichés, balançant entre tendresse et moquerie.

Ma première photographie fut celle de l’entrejambe qu’une femme exhiba à hauteur de mes yeux. Jambes écartées, elle m’en donnait une vision pleine et entière, immédiate et pénible. Je ne voyais plus les petits galets ronds et la roche volcanique, mais un maillot de bain, vaguement fleuri et parfaitement épilé. Je n’eus pas besoin de me relever. Il m’a suffi de tendre le bras pour attraper l’appareil et de me tourner sur le côté pour prendre le cliché.

 

© Aurelia Gantier

La dernière photographie de cette série fut prise cet été. Entre les deux, l’approche a évolué, reflet d’un travail personnel entrepris ces dernières années. Alors que la première avait été prise sur le coup du mépris, la seconde cherche la beauté et la poésie de l’instant, malgré la tente, la chaise pliante, la bouée et le bob. Capturé ainsi – cadrage resserré et couleurs tranchées -, à ce moment précis, l’homme regarde la mer et pourrait se réciter en lui-même, on pourrait l’imaginer réciter :

Homme libre, toujours tu chériras la mer !

La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme

Je vous rassure, il n’en est rien. Mais tout de même.

 

Le site de Martin Parr