© Matteo Catanese
Une pluie torrentielle dévale en cascade le zinc du toit, pluie qui tambourine et empêche la nuit. Je me lève dans l’obscurité du jour absent, épuisée.
La pluie continue au matin, rendant le ciré inutile. Les transports en commun arrêtés, la marche impossible et le vélo risible, pas de taxis. La grève qui nous empoisonne et nous politise, sur le WhatsApp professionnel j’écris, j’attends l’arrêt de la pluie.
Je pédale sous un crachin breton, le vent arrache mon bonnet et ma capuche, la Concorde bouchée, les voitures excédées, les abords de l’Elysée, pas la peine d’y penser. J’avance en colimaçon, puisque je vous dis que je travaille à côté. Il est 11 heures. Je suis arrivée.
Le soir, sur le trajet du retour, la journée dans l’autre sens, je pense à ma mauvaise humeur et à ta fatigue, à ta mauvaise humeur et à ma fatigue. Le froid humide de décembre, la lumière en vacances, le marathon des dossiers à finaliser, le pays bloqué comme tous les mois de décembre, un rituel de fin d’année, exaspérée. Le sapin illuminé aux abords du jardin des Tuileries et qui était tombé me revient en mémoire. Le symbole de ces journées gâchées.
Je gare mon vélo dans la cour. Je décide de ne pas rentrer. Pas tout de suite. Je m’installe au Barawine. Café branché, musique branchée, vin cher mais de qualité. Je m’installe à une table en coin de salle, toujours la même, c’est la mienne, celle que je choisis quand j’écris. Les serveurs me connaissent, je suis une habituée du quartier.
Je sors mon cahier.
Bientôt la chaleur m’apaise, le vin également. Le manque de sommeil pèse sur les paupières. Autour de moi, les couples s’installent. Je les observe et les détaille. Bientôt je serai chez moi. La journée sera terminée. Et demain, il n’y aura plus qu’à recommencer.