Marabout

Marabout


De mes mains écaillées je dévisse la cafetière et la pose dans l’évier, les mêmes mains que ma mère quand elle dévissait la cafetière et la posait dans l’évier à côté de la casserole dont le lait avait débordé, lait que Folette avait tenté de laper pendant son ébullition et qui s’en était retrouvée les moustaches frisées ; Folette qui maintenant boudait sur la table de la cuisine, elle et ses moustaches ridicules qui me regardaient boire le lait qu’elle s’était réservé ; Folette, chat voleuse comme une pie, mais qui pour les casses du siècle ne volait que moi, comme cette côte de porc que ma mère venait de sortir du barbecue pour la poser dans mon assiette et que, dans un saut magnifique, mon olympique chatte m’avait subtilisé, laissant l’assiette vide de barbaque ; un barbecue à l’ancienne, une grille sur deux colonnes de briques, que l’on improvisait l’été dans la cour à peine jardin dans laquelle deux transats reposaient et sur lesquels ma mère à tour de rôle bronzait ; et ses mains s’écaillaient comme celles de sa mère avant elle et de sa fille après, qui inlassablement répète les mêmes gestes, dévisser la Moka pour vider le café…