© Aurelia Gantier
J’ai rêvé de toi. Nous étions entourés d’autres et de fantômes ; ils étaient là, invisibles mais présents, ombres parmi les ombres, clairsemés dans l’arrière-boutique – mais était-ce une arrière-boutique, l’espace était sombre et haut de plafond, je me souviens de portants à vêtements, le souvenir s’efface, un entrepôt, probablement.
Nous étions tous les deux entourés d’autres et de fantômes, dont celui de ta femme, qui flottait autour de nous, elle était belle, d’origine indienne, je ne l’avais jamais vue mais je savais qu’elle était belle. L’amour s’en était allé, vous partagiez le même espace sans vous croiser ni vous parler, la séparation était inévitable. Tu me parlais d’elle, de la tristesse des départs, lorsque les souvenirs ne suffisent plus et que l’amour s’efface.
Nous étions dans cet entrepôt propice aux confidences. Dehors, le soleil caressait les ruelles montantes de cette petite ville, minuscule et charmante, la route principale qui longeait la nationale, puis une bifurcation grimpait la montagne de pierre. C’était là. Nous nous étions retrouvés ici, nous ne nous connaissions pas et je savais que c’était toi.