À Amnesty International
Dans ma cellule large comme une place de parking, je m’allonge sur mon nouveau tapis de papier. Je scrute la fissure au plafond. Elle commence à prendre une jolie forme. J’imagine un lézard, un oiseau, un avion, je me perds dans le ciel, la barrière infranchissable des montagnes et derrière, l’espace et la liberté. Je vole.
Hier encore, je voulais mourir. Aujourd’hui, plus que tout au monde, je veux vivre. Mon corps bouillonne d’espoir et d’excitation. Je souris. Je ne savais plus ce que c’était, sourire, et aujourd’hui je souris. C’est beau, la vie.
J’ai reçu le courrier ce matin et une bouffée d’encouragements a sauté du carton. J’ai déplié les lettres sur le sol, incrédule. J’ai admiré ce patchwork de cartes postales, de dessins, de poèmes, ces mots alignés les uns après les autres, et ces langues magiques m’ont ressuscité à la vie. Je ferme les yeux, des milliers de visages me regardent, confiants et bienveillants.
Je ne suis plus seul.