Le square Trousseau, Paris 12, mai 2024 – © Aurelia Gantier
Entre le marché d’Aligre et la place de la Bastille, entre les légumes à un euro le kilo et le Génie doré, pris en étau entre l’avenue Ledru-Rollin et la rue du Faubourg-Saint-Honoré, dans ce quartier populaire et festif, se cache une parenthèse de calme, un coin de verdure, un havre de paix : le square Trousseau. Les enfants crient, les parents jouent ; kiosque à musique et tables de ping-pongs. Les chiens sont admis, ce qui n’est pas le cas des fumeurs, question de priorité. Quelques familles tout droit sorties de Versailles – nattes, bermudas, bleu marine de rigueur ; je me demande ce qu’elles font là, au milieu des vestes en jeans et des cardigans en maille.
Dans les rues adjercentes, de la restauration rapide, des kebabs, tout à dix euros, des chaînes de vêtements qui seront probablement interdits dans cinquante ans pour esclavage moderne et travail dissimulé d’enfants, sans parler de l’impact sur l’environnement. Ne pas en parler, se concentrer sur le square et son écrin d’immeubles bourgeois. À leurs pieds, quelques restaurants s’étalent, produits maisons, vins de producteurs ; une librairie spécialisée dans la bande-dessinée – s’attarder sur les figurines ; une boulangerie bien connue des guides touristiques, des glaces artisanales, l’éternel magasin de décoration et bien sûr, le Square Trousseau en mode resto. À sa terrasse, parfois, quelques célébrités mal se cachent : Maïwenn habite à côté, ce qui n’est pas le cas de Vincent Lindon ; et puis il y a toi, et puis il y a moi, et quelque part, nous aussi nous sommes célébres, célèbres du monde entier.