« I am not a teddy bear » – Revendication féline

La biquette Swann le chat

Swann – © Aurélia Gantier


« Je suis une princesse trois couleurs aux poils mi-longs doux comme de la soie et brossés tous les jours. Ma robe et mes yeux sont d’or, mon petit minois aussi délicat que celui d’un chaton. Inutile de feindre la modestie : je suis divinement belle. Vous me regardez les yeux béats d’admiration, vous soupirez après mes frôlements et mes ronronnements. Ne rougissez pas : ils sont tous comme vous. Je comprends votre attirance, mais enfin… êtes-vous obligés de me toucher ? Est-ce que je vous touche, moi ? On se connait ? Non ? On ne se connait pas ? Ben alors ? On va peut-être attendre un peu avant de se rouler une pelle, non ?

Je ne suis pas une peluche. Non sono un animale di pezza. Ich bin kein Plüschtier. I AM NOT A TEDDY BEAR! Je suis un être vivant et j’exige les mêmes égards que les autres êtres vivants. Je sais, pour vous ce n’est pas évident. Vous êtes tellement étranges. L’autre jour, Aurélia a reçu un couple à dîner. Eh bien l’homme a passé la soirée à quatre pattes à me courir après. Et ce week-end encore, j’ai dû me défendre contre une femme qui me retenait prisonnière dans ses bras. « Elle est timide, non ? » Non, je suis juste chez elle et toi, jusqu’à preuve du contraire, pas. Et je ne te connais pas. Ce n’est pas parce qu’Aurélia t’a ouvert la porte qu’il faudrait se croire tout permis. Tu ne voudrais pas me gratter le ventre pendant que tu y es ? »

Pauvre Swann ! Essayez un instant de vous mettre à sa place. Imaginez si à chaque fois que vous rencontriez une personne, dans la rue, à la boulangerie ou au bureau, celle-ci se mette à vous courir après, vous prenne dans ses bras et vous embrasse goulûment. C’est impensable, n’est-ce pas ? Swann pense exactement la même chose quand un inconnu rentre chez moi et se penche sur elle pour l’attraper et la caresser.

Je comprends sa réaction. À sa place, je réagirais de même. Certaines personnes demandent à toucher le ventre des femmes enceintes. La plupart de celles que je connais détestent ça mais n’osent pas refuser. Une fois, je me suis retrouvée dans le cas inverse. Une de mes tantes me demanda si je voulais toucher son ventre. C’était terriblement embarrassant. « Tu ne veux pas toucher ? » – « Heu… non… c’est un peu ton intimité, tu vois. Je n’ai aucune envie de toucher ça. » J’étais encore bien jeune et à l’époque, je n’osai pas refuser et j’ai touché ce ventre qui n’était pas le mien. Un moment pénible.

Alors la prochaine fois que vous viendrez chez moi, soyez gentils et faites ce petit exercice : imaginez que la dernière personne dont vous avez croisé le regard dans la rue vous tombe dessus et vous embrasse. Puis regardez Swann. Et laissez-la tranquille !



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