L’anniversaire

Photo d'anniversaire à Colombes en 1980

© Marc Gantier


Aujourd’hui, il pleut. Cela me chiffonne un peu : c’est mon anniversaire. Il ne pleut pas le jour de mon anniversaire. J’ai beau fouiller tout au fond de ma mémoire, je n’ai pas de souvenirs de 30 mai pluvieux.

Enfant, j’habitais une maison de briques rouges, dans un quartier résidentiel de banlieue. J’adorais cette maison : c’était la maison la plus solide du conte « Les trois petits cochons ». Le perron ouvrait sur la cuisine. Dès que les températures s’adoucissaient, nous vivions la porte ouverte ; ma mère cuisinait, je jouais dans la cour. L’ancienne propriétaire avait planté des iris dans les parterres de fleurs. Ma mère a fait une overdose de violet et a tout arraché. À la place, elle a planté des roses, que des roses, partout des roses, de belles grosses roses fuchsia. Ma mère adorait les roses. Alors nous jouions dans la cour, entourés de fleurs qui n’étaient plus violettes mais roses, et cela nous convenait : nous aimions bien le rose.

Le samedi suivant mon anniversaire, ma mère organisait mon goûter. C’était l’événement de l’année. Une poignée de camarades de classe était invitée. Dans mon souvenir, c’étaient toujours les mêmes. Vanessa, Gwendoline, Florence, Sébastien, mes cousins. Nous goûtions dans la cour. J’avais préparé le gâteau au chocolat. Dans le livre de recettes, il s’appelait le gâteau raté, car il était impossible de ne pas le réussir. Lorsque le cœur était trop moelleux, je boudais : il était raté. Les adultes avaient beau m’expliquer qu’il n’en était que meilleur, je ne les écoutais pas. Ils n’avaient rien compris au gâteau au chocolat. Il n’était pas assez cuit, voilà tout. Mais sur la table, il y avait surtout des fruits, beaucoup de fruits. Des pêches, des abricots, des cerises, des fraises. Je pouvais en manger des kilos sans jamais tomber malade.

Nos mères cousaient nos déguisements. Des robes de princesses, de fées, des tuniques de Pierrot… Florence était toujours la mieux déguisée : sa mère était couturière. Je me souviens avoir vu Florence pleurer au concours du plus beau déguisement organisé par l’école. Elle n’avait pas été élue, car le jury pensait que sa tenue avait été louée. Bien sûr, sa mère l’avait cousue de ses mains, elle avait des mains de fée. La mienne se défendait pas mal, mais personne ne pouvait rivaliser avec celle de Florence.

Aujourd’hui, je me souviens de ces goûters d’anniversaire. Je suis chez moi et il pleut. En réalité, je m’en moque pas mal qu’il pleuve. Car aujourd’hui c’est mon anniversaire, et c’est toujours une bonne journée, celle de mon anniversaire. Je reçois plein de messages d’amour et pour tout dire, j’adore ça !

 


commentaires

  1. Jocelyn Paré

    Salut Aurélia,

    Une de tes copines m’a fait découvrir ton site autour d’un verre, hier soir, à Montparnasse.

    Tes quelques lignes sont comme mêmes quelques vers, francs, éternels et sans strass..

    Longue vie à tes causeries… très belle journée à toi.

    Un poète, étourdi. .. partageant ta même foi.

    Jocelyn Paré
    Un Brin de Poésie

    http://www.unbrindepoesie.fr

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