Fluide

Homme debout une photo de Rasul Lofti

© Rasul Lofti


Je me séparais d’un homme que j’aimais et qui m’aimait et pourtant je dormais. Il me plaisait, je lui plaisais, nous nous plaisions et pourtant nous nous quittions. Période triste. Nous avions décidé la séparation le jour même et pourtant, je dormais profondément, d’un sommeil lourd et sans rêve. Mais au milieu de la nuit, j’ai ouvert les yeux et je me suis levée, je me suis dirigée vers la fenêtre que j’ai ouverte, sans l’ombre d’une hésitation, je dormais puis je ne dormais plus, en un claquement de doigt, parfaitement réveillée et parfaitement décidée à ouvrir la fenêtre et à regarder, je n’ai rien dit ni pensé, je n’ai pas pensé j’ai chaud je vais ouvrir la fenêtre ou alors j’ai besoin d’air je vais ouvrir la fenêtre non, j’ai ouvert les yeux et j’ai ouvert la fenêtre, il fallait que j’ouvre la fenêtre, et une fois la fenêtre ouverte, j’ai regardé à travers, j’ai penché la tête et il était là, en bas, et il regardait, en haut, la fenêtre initialement fermée et maintenant ouverte, immobile, ses paupières tombantes et son air désespéré, et il m’a regardée, et je l’ai regardé, alors je suis descendue lui ouvrir et il est rentré, et toute ma vie, je me souviendrai de ce moment-là, de cette connexion-là, qui même dans mon sommeil me réveillait et le faisait sentir près de moi, et toute ma vie, toute ma courte vie, tout ce qui s’apparente à être ma vie jusqu’ici, j’ai cherché à retrouver cet apaisement d’une fenêtre ouverte sur l’homme qu’on aime, mais je ne l’ai plus jamais trouvé.



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