The 1977 National Women’s Conference in Houston, Texas
Donald Trump n’aura pas seulement fait perdre au monde quatre ans ; il l’aura fait reculer de cinquante. Car si la Cour suprême des États-Unis a renversé la semaine dernière l’arrêt Roe vs Wade qui protégeait le droit à l’avortement, c’est le résultat des trois nominations ayant fait basculer la plus haute instance américaine du côté de l’archaïsme politique et dont il est la cause. À ce jour, dix-huit États ont déjà interdit ou sont en passe d’interdire ce droit fondamental. Sur cinquante, c’est une bonne moyenne. Et le juge Clarence Thomas l’a annoncé : après l’avortement, ce sera bientôt le tour de la contraception et de la dépénalisation de l’homosexualité. Prise de pouvoir sur le corps des femmes et refus de la liberté sexuelle : cela vous rappelle quelque chose ? À quand le retour de la ségregation ? Bienvenue dans les années 1950. Quand il s’agit de s’attaquer à la liberté individuelle, les extrêmistes chrétiens n’ont décidement rien à envier à leurs confrères islamiques.
Pendant que nos féministes se grattent le fion pour savoir s’il faut écrire auteur, auteure ou autrice et comment appliquer l’écriture inclusive à l’oral (prophétie de Guillaume Mazeline dans Boucles rebelles ), la Cour suprême détricote la société moderne. Les États-Unis ont perdu la bataille de l’évolution sociétale et plonge dans le moyen âge contemporain. Aux côtés du président démocrate, nous assistons impuissants aux massacres perpétués par le précédent. Je n’aimerais pas être à sa place. À celle des Américaines non plus, d’ailleurs.
Plus que jamais, faisons taire les prédictions et combattons les petits pas des extrêmes, ici, là-bas : le droit des femmes à disposer d’elles-même ne doit tolérer aucune exception. Et choisissons nos combats. Je me fous de savoir si on dit auteure ou autrice pour autant que cette femme-là puisse encore avoir le droit d’écrire. En mini-jupe, à une terrasse de café, seule ou accompagnée, devant un verre de vin qu’elle aura payé – bon sang, qu’elle est belle !
Comment agir ? Avec Amnesty International.