Aller faucher plus loin

Eugene-DELATRE-La-Mort-en-fourrures-Vers-1897


La mort rode. Tu essayes d’invoquer les dieux, tu cherches les naissances, les mariages, les rires d’enfants, mais des mots barbares hantent ton esprit — incinération, nosocomiale, réanimation. Tu ressors ton panthéon aux morts, et tu te demandes si sa jeunesse viendra l’enrichir cette semaine.

Tu te dis que tu en as soupé, que tu aimerais bien que la Grande Faucheuse aille faucher plus loin, qu’elle aille voir ailleurs si j’y suis. Tu voudrais ne pas te dire que le capital chance n’a pas été réparti également à la naissance, tu te le dis quand même.

Tu te dis que c’est ça la vieillesse, lorsque tu te mets à compter tes morts. Alors tu cherches : les naissances, les mariages, les rires d’enfants, les week-ends entre amis, les baisers d’amoureux.

Tu as peur.

 


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